02 : Un lieu de paix à Goma, déchirée par la guerre

19 octobre 2023

Goma, une grande ville de l’est de la République démocratique du Congo, est en proie depuis des décennies à des milices en guerre qui se disputent l’accès à des minerais précieux et à des volcans actifs dont les coulées de lave ont découpé des quartiers de la ville en morceaux. Aujourd’hui, au printemps 2020, une nouvelle menace pèse sur la ville : une grave famine.

Provoquant une panique alimentaire supplémentaire, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a détruit une importante cache de riz contaminé par des toxines dans la ville voisine de Bukavu. À Goma, on s’est débarrassé de stocks de nourriture contaminés de la même manière en les enterrant dans la fissure d’un des volcans avoisinants. Des gardes ont été engagés pour éloigner les personnes affamées mais, appâtés par des pots-de-vin, ils ont laissé un groupe d’enfants affamés pénétrer dans la fissure pour tenter de récupérer de la nourriture. Les enfants ont été asphyxiés par les gaz toxiques. Plusieurs ont pu s’échapper par leurs propres moyens, d’autres ont été secourus par des habitants de Goma, mais une petite fille a péri. En outre, des hommes d’affaires corrompus ont influencé le gouvernement pour qu’il détruise les stocks de nourriture non polluée afin d’en augmenter le prix. La présence permanente de milices armées et de troupes d’invasion a empêché les agriculteurs de cultiver leurs champs. Covid 19 et le paludisme sont devenus des facteurs aggravants de la mort des personnes affaiblies par la faim ; c’est parmi les enfants que le nombre de décès a été le plus élevé.[2]

Alarmé par la situation, un groupe d’anciens missionnaires francophones, dont Rémy et Shirley Guérin et Chris Miasnik, s’est mis à l’œuvre. Les Guérin ont collecté des fonds auprès d’autres membres du quartier de Dijon, en France, pour aider à soutenir le groupe de Goma. Et avec l’aide de la présidence de l’interrégion, les besoins du jeune groupe de saints et de beaucoup d’autres ont été satisfaits. À Goma, ces efforts ont été menés par un courageux chef de groupe (non officiel) nommé Charles SHABANI MULUVYA.

Baptême de Charles SHABANI à Uvira, 16 décembre 2018.[3]

Le 16 décembre 2018, Charles a quitté Goma et a traversé le lac Kivu dans une petite embarcation jusqu’à Bukavu, puis a continué par voie terrestre jusqu’à Uvira, où il a pu être baptisé par des membres de l’Église présents sur place. Avec une femme et quatre enfants à charge, il avait à peine assez d’argent pour payer le voyage. Mais il avait suffisamment de foi !

En commençant avec sa famille et une poignée d’amis, ils se réunissaient dans de petites maisons à colombages pour discuter de l’Évangile. Ils n’avaient pas encore l’autorisation pour tenir des réunions de Sainte-Cène. Leur nombre a augmenté jusqu’à ce qu’ils soient reconnus comme un groupe local officiel de l’Église. Malgré la famine, le confinement dû au Covid, le chômage et un volcan en éruption, ils sont restés unis. Après que Charles a reçu la prêtrise de Melchisédek et qu’ils ont été autorisés à tenir des réunions de Sainte Cène dans des logements plus spacieux mais spartiates avec des sols en terre battue inégaux.

Quelques membres de la branche de Goma devant le nouveau bâtiment de la branche, 8 octobre 2023.[4]

Le 30 juillet 2023, ils se sont réunis à l’Union Hotel de Goma pour organiser la branche de Goma en RD Congo. Le frère SHABANI a été appelé comme premier président de la branche. Le 22 octobre 2023, la branche de Goma a tenu ses premières réunions dominicales dans un nouveau bâtiment magnifique—un lieu de paix à Goma.[5]

En raison des conditions qui règnent à Goma, le président de la mission n’a pas encore été autorisé à s’y rendre et aucun missionnaire à temps plein n’a encore été affecté à cette ville. Mais grâce à un don généreux de Chris Miasnik, lui et moi espérons rencontrer Charles et d’autres membres de Goma, Bukavu et Uvira pour en savoir plus sur leur histoire — soit dans une ville rwandaise près de la frontière avec la République démocratique du Congo, soit — si cela est autorisé — à ces villes même.

 

View Credits, Notes, and References

Traduit par Claude Boisseau.

[1] Photo ID : Groupe de Goma 2019b.jpg. Avec l’aimable autorisation de Chris Miasnik.

[2] Récit tiré d’un message électronique de Rémy Guérin aux membres de la présidence de zone S. Mark Palmer et Joseph W. Sitati, ainsi qu’à Shirley Guérin, Chris Miasnik et Jeff Bradshaw, le 14 mai 2020. Selon Chris Miasnik, les efforts pour obtenir l’aide d’un groupe de l’Église voisine ont échoué. Il transmet un rapport de Charles SHABANI MULUVYA : « qu’il a contacté le Pt. Marcelin Iraji de la branche d’Uvira, mais qu’il n’a pas pu l’aider parce que les fortes pluies dévastatrices qui se sont abattues sur Uvira ont provoqué des inondations et que de nombreuses maisons ont été emportées par les eaux. »

[3] Photo ID : la-quecc82te-de-la-spiritualite-a-abouti-a-mon-baptecc82me-1.jpg. From Charles SHABANI MULUVYA, « Une quête de la spiritualité enfin achevée », Foi en Christ, 29 December 2018, https://foienchrist.org/mormons-daujourdhui/une-quete-de-la-spi…=IwAR1ClwIkywVH-dZCBRzn7MbFRdb8zM-NRYcyEjoDNVDWeCi_gHNSj9NL7rs, consulté le 5 septembre 2023. Avec l’autorisation de Silvia Ghidini de la More Good Foundation.

[4] Photo ID : Goma nouveau bâtiment première visite 20231008a.JPG. Prise le 8 octobre 2023. Avec l’aimable autorisation de Chris Miasnik.

[5] Brève biographie et description des événements tirées d’un message électronique du 9 octobre 2023 envoyé par Chris Miasnik à Charles SHABANI MULUVYA, Jeff et Kathleen Bradshaw, Brent et Lorraine Jameson, Ronald et Shauna Peterson, et Shirley et Rémi Guérin.

Jeffrey M. Bradshaw

Jeffrey M. Bradshaw